Lettre ouverte sur l’importance des services de guides

Notre présidente Angèle Vermette a récemment cosigné cette lettre ouverte à propos de l’importance des services de guides professionnels dans l’activité touristique, alors que le secteur des visites guidées semble faire partie des oubliés de l’industrie en ces temps de crise.

La lettre a notamment été publiée sur TourismExpress.

LES GUIDES TOURISTIQUES : UN VECTEUR À NE PAS OUBLIER DANS L’ÉQUATION TOURISTIQUE!

S’il est souvent question d’hôtellerie, de restauration, de musées et d’attraits lorsqu’on parle de l’industrie touristique, force est de constater que d’autres sous-secteurs ne font que très rarement les manchettes. Les services de guides touristiques, pourtant essentiels à l’activité touristique, font généralement partie des oubliés.

Le guide touristique est plus souvent qu’autrement la première personne avec qui les touristes vont tisser des liens une fois à destination. Il représente l’authenticité de sa destination et s’avère un important ambassadeur de celle-ci, partageant sa passion et ses connaissances sans compter et révèle ses recommandations et coups de cœur constamment.

Dès la prise en charge des visiteurs à l’aéroport, il fait le lien entre les transporteurs, hôteliers, restaurateurs, musées et attraits, tandis que le visiteur profite de son séjour sans même s’apercevoir du travail fait en coulisses. Le guide touristique est donc à l’origine d’importantes retombées économiques qui, bien que difficilement quantifiables, sont essentielles pour faire tourner la roue touristique.

En cette période inédite de pandémie, ses qualités d’animateur revêtent d’autant plus d’importance car le guide offre aussi une forme de divertissement essentiel au bien-être du visiteur. Il sait adapter son discours et capter l’attention de tous les types de clientèles : familles, personnes âgées, étudiants, gens d’affaires, dignitaires et représentants des médias, en provenance de tous acabits. Son discours est non seulement divertissant, mais aussi éducatif et culturel, s’appuyant sur une solide formation et poursuivant constamment son apprentissage de façon volontaire et autodidacte. Bref, il représente un atout indéniable dans la chaîne de valorisation touristique, même s’il n’est que rarement reconnu en tant que tel.

Pourquoi alors le guide touristique fait-il partie des grand oubliés de l’industrie et pas seulement en temps de pandémie? Pourquoi les services de guides touristiques sont-ils presque toujours répertoriés dans la catégorie « autres » dans les sondages et formulaires? Pourquoi n’existe-il pas de code d’activité (SCIAN) représentant ces travailleurs essentiels à une industrie octroyant près de 10% des emplois au Québec? Voilà qui est déplorable.

De surcroît, le refus laconique du Ministère du Tourisme (MTQ) de financer le projet lancé conjointement par l’Association des guides touristiques de Québec (AGTQ) et l’Association professionnelle des guides touristiques (APGT) de Montréal sous prétexte qu’il ne s’inscrit dans aucun des programmes existants du MTQ est pour le moins surprenant. Il est évident que les programmes existants avant la pandémie n’auraient jamais pu prévoir un tel dénouement et qu’aucun n’est adapté pour faire face à la crise que nous traversons actuellement!

Ce projet visait à favoriser la relance de notre chère industrie en subventionnant des visites guidées dispensées par des guides certifiés. Ces visites seraient offertes gratuitement aux visiteurs québécois en période de déconfinement, ce qui aurait permis à de nombreux guides de reprendre graduellement le travail, aux agences offrant les services de guides de traverser cette crise plutôt que de fermer leurs portes, et aux Québécois d’apprécier leurs bijoux touristiques que représentent Québec et Montréal. Ceci sans compter les retombées générées pour les partenaires hôteliers, restaurateurs, musées et attraits, en plus d’inciter l’achat local. C’eût pourtant été un excellent investissement!

Malgré tout cela, une certitude persiste : tôt ou tard, un retour à la normale se dessinera à l’horizon et les visiteurs envahiront à nouveau notre destination, forte d’une réputation irréprochable en ce qui a trait à son offre touristique et à l’accueil chaleureux et authentique des Québécois. Or, si on ne donne pas rapidement un coup de gouvernail, les conséquences pourraient être désastreuses : capacité d’accueil touristique du Québec grandement diminuée, offre touristique limitée, pertes financières importantes et retombées économiques atrophiées à tous les niveaux. Cette crise requiert une réponse agressive et commande de ne pas se confiner dans les balises et critères habituels, faute de quoi rien de positif n’en résultera. La subvention salariale en place et l’aide pour payer les frais fixes annoncée ne répondent pas aux besoins de tous. Mais le rôle du guide touristique demeure quant à lui indéniable dans l’équation touristique.

Marc Duchesne (Président, Cicérone Tours), Sébastien Ivers (Président, Tours Voir Québec) et Angèle Vermette (Présidente, Guidatour).